Les chiffres clés
- Le taux d’urbanisation de la frange littorale (de 0 à 500 mètres) atteint 38 %. Il n’est « que » de 12 % sur l’ensemble de la région.
- Les Hauts-de-France comptent 11 500 hectares de dunes, dont plus du quart (3 100 hectares) appartiennent au seul massif du Marquenterre (qui relie la baie de Somme à la baie d’Authie).
- 13 % des massifs dunaires régionaux bénéficient d’une protection forte* (seulement 0,2 % du territoire des Hauts-de-France est sous protection forte).
- Les dunes du mont Saint-Frieux sont les plus hautes d’Europe : elles mesurent 151 mètres. En comparaison, l’altitude de la dune du Pilat (littoral aquitain) est de 106 mètres.
Dans la région
Le milieu dunaire occupe environ la moitié du littoral des Hauts-de-France. Si dans l’absolu cette donnée est impressionnante, elle ne dit cependant pas toute la vérité. Au cours du xxe siècle, les dunes ont été le théâtre des plus grands bouleversements imposés aux milieux naturels de la région. Avec l’essor du tourisme et le développement des complexes industrialoportuaires, leur superficie a considérablement diminué, et leur intégrité écologique fut sévèrement ébranlée.
Les côtes flamandes n’ont pas été épargnées. Aujourd’hui, seuls les sept derniers kilomètres à l’est de Dunkerque accueillent encore des massifs dunaires dignes de ce nom. Au sortir de la ville, les 300 hectares de la dune Dewulf nous mettent tout de suite dans le (grand) bain. Les hauteurs du site nous confrontent à son immensité, le creux des pannes* à son intimité. Nous sortons la tête de l’eau à Zuydcoote mais la respiration est brève ; nous replongeons immédiatement dans l’univers de la dune Marchand. La dune Marchand, c’est 400 espèces végétales et un statut de Réserve naturelle nationale. Tout est dit. Bray-Dunes nous ramène de nouveau à la réalité, mais comme à Zuydcoote, la pause est de courte durée ; la dune du Perroquet nous attend. Avec ses Rossignols philomèles et ses Lestes verdoyants (un odonate* très rare dans les Hauts-de-France), elle conclut en beauté une promenade que nous ne sommes pas prêts d’oublier.
Sur le littoral boulonnais, si deux célèbres caps (le Gris-Nez et le Blanc-Nez) monopolisent l’attention, les massifs dunaires ne sont pas en reste. Nous en avons la preuve à Wissant, et la confirmation à Ambleteuse. Là-bas, une dune fossile* de soixante hectares nous donne notre plus belle leçon de nature. Retenez bien : 500 espèces de plantes, 157 d’araignées, 123 de mollusques, 109 de champignons et 58 de papillons. Il y a même la Rainette verte. Nous aimerions nous attarder sur le site pour entendre les mâles coasser à la nuit tombée, mais nous avons un dernier rendez-vous à honorer (et il s’annonce chronophage). Direction Écault, où se trouve le plus large massif dunaire des Hauts-de-France. Sur cinq kilomètres, toute l’histoire de la dune nous est contée, de la dune embryonnaire à la vieille dune boisée.
Pour repartir, nous décidons de faire le crochet par les dunes de Condette, car il paraît que l’Hespérie de la Mauve (un papillon peu commun dans la région) y a ses habitudes. Nous ne le savons pas encore, mais la situation va bientôt nous échapper… et l’effet papillon opérer. Parce qu’après les dunes de Condette, il y a celles du mont Saint-Frieux, plaquées contre la falaise de craie. Et puis celles de Camiers, qui vont jusqu’à l’enjamber. Et puis celles de Merlimont et de Berck, qui encadrent la Réserve biologique domaniale* de la côte d’Opale. Et puis celles de l’Authie, du Royon et de la Pyramide qui forment le massif dunaire du Marquenterre. À vrai dire, nous ne parcourons plus de simples dunes, mais de vastes systèmes au relief tourmenté. Ils sont piquetés de pannes, sillonnés de ruisseaux, entrecoupés d’estuaires et parfois boisés de pins, voire de feuillus. Ils abritent une nature riche, et diversifiée.
Au sud de la baie de Somme, les dunes de Brighton annoncent la fin du marathon. Nous sommes fatigués, mais heureux.