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Villes et villages

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© photo : P. Frutier

Les chiffres clés

  • Le taux d’artificialisation des Hauts-de-France est de 12 %, alors que la moyenne nationale est à 6 %.
  • La région compte 20 aires urbaines de plus de 50 000 habitants.
  • Les espaces verts et les friches occupent 8 % du tissu urbain.
  • Dans les Hauts-de-France, les routes et les voies ferrées couvrent dix fois plus de surface que les cours d’eau.

Le dossier complet

Extrait du guide "Nature en Hauts-de-France" :

Dans la région

Les Hauts-de-France comptent environ 3 800 communes. Sur la carte, elles dessinent un ciel étoilé ; c’est joli. La très grande majorité d’entre elles, 85 % pour être précis, comptent moins de 2 000 habitants. Malgré une densité de population élevée, notre région est parvenue à conserver un certain caractère rural. C’est une chance. À la campagne, la haie, la mare et le verger ont plus de place pour s’exprimer. Ajoutez quelques vieilles pierres, une balançoire usée, et vous obtenez le village rêvé. La scène semble fantasmée, et pourtant, il ne tient qu’à nous de la recréer : creuser une petite mare, planter un arbre, tailler trois pommiers, c’est un jeu d’enfants.

La biodiversité ne se limite pas aux bourgades ou aux hameaux. Un parc urbain, ça compte. Une cour de quelques mètres carrés, ça compte aussi. Une mésange prendra le goûter sur votre balconnière, puis son bain dans la coupelle que vous aurez laissé traîner. Tiens, c’est chouette, elle a investi le nichoir décoré du jardin partagé. En ville, les espaces verts ont également une fonction sociale ; la nature adoucit les moeurs.

À trôner sur la cathédrale d’Amiens et sur le siège de Région, à Lille, le Faucon pèlerin nous rappelle lui aussi que la biodiversité urbaine existe. Il n’y a pas si longtemps, ses (maigres) effectifs se cantonnaient à quelques falaises maritimes ; aujourd’hui, il règne sur de nombreuses villes (et accessoirement sur l’Église et sur l’État). Dans les Hauts-de- France, la plupart des couples nicheurs (entre trente et quarante) sont en effet citadins, et même lorsqu’ils choisissent de se retirer à la campagne, l’Homme n’est jamais bien loin. C’est pratique un être humain : ça bâtit de grands édifices, et dans les carrières, ça crée de hautes parois rocheuses. En plus, c’est parfois gentil, ça peut poser des nichoirs tout confort. À Bachant, dans l’Avesnois, deux amoureux en profitent d’ailleurs tous les ans. Depuis 2012, ils roucoulent (l’expression est peut-être mal choipour un rapace qui fait des pigeons son repas préféré) au sommet d’un pylône électrique. Et si tout va bien, en 2020, ils fêteront leur noce de faïence, là, dans leur bac à graviers. Les trois familles du Dunkerquois, elles, ont mis leur griffe sur l’industrie : elles occupent les bâtiments de trois grands groupes internationaux. À Dannes (près du Touquet), la carrière est presque maîtrisée mais il y a toujours ce Grand-Duc d’Europe (un hibou), dont on sait qu’il prendrait bien un petit faucon pour le dîner. Depuis son rocher, il laisse planer son ombre toute la journée. Respect. Enfin, le couple de Loos-en-Gohelle contrôle le Bassin minier. S’il regardait la carte, il aurait même l’impression de posséder la Voie lactée.

Oui, le Faucon pèlerin a la folie des grandeurs. Et pourquoi pas nous ? Dans les Hauts-de-France, citadins et villageois confondus, nous sommes plus de six millions. Si chacun posait un nichoir, semait une graine, ou laissait l’herbe être elle aussi un peu folle, nous pourrions faire de ce ciel étoilé le nouvel espace de la biodiversité. C’est le principe même de l’effet colibri, mais dans la région, nous parlerions plutôt d’effet faucon.